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ÉLEVAGE
18.04.2016

Conférence de presse devant la ferme des Bordes: un projet inutile de bâtiment d'engraissement automatisé

18.04.2016 - Les Bordes.
Plus d'une vingtaine de paysans de la Conf' de l'Indre et de la Creuse se sont retrouvés ce matin devant la ferme expérimentale des Bordes sur la commune de Jeu-les-Bois. Au pied du panneau de présentation de la ferme, des banderoles résumant les enjeux : « Des paysans, pas des robots ! », « Pour des paysans nombreux dans des campagnes vivantes ! » , plantent le décor de la conférence de presse.

 

Les journalistes sont venus en nombre pour connaître les arguments du syndicat contre le projet de construction d'un nouveau bâtiment d'engraissement, pour comprendre pourquoi de nombreux paysans critiquent la nouvelle orientation qui va être donnée aux expérimentations qui jusqu'à présent leur servaient directement.

Depuis 40 ans la ferme des Bordes développe des références visant à améliorer l'autonomie des exploitations agricoles (nombreux travaux sur la valorisation et la gestion des prairies, du pâturage, de l'herbe récoltée pour engraisser les animaux…). Les éleveurs intéressés par ces nouvelles références peuvent ensuite les mettre en œuvre sur leurs exploitations. Cela ne sera plus le cas avec l'atelier d'engraissement de bovins qui va être construit : 280 places pour un élevage hors sol et industriel car toutes les tâches liées à l'élevage y seront automatisées (alimentation, paillage, curage) exceptée celle de la surveillance des animaux. Ceci sans créer aucun emploi sur la ferme !

Nos arguments contre ce projet:

  • Une nouvelle orientation à la ferme des Bordes en contradiction avec la consultation des professionnels membres du conseil d'administration (plénière de 2013).

  • Plus d'un million d'euros d'investissement sans aucune création d'emploi !

  • Un projet coûteux pour la Région. En effet, il ne pourrait être rentable que grâce à une part majoritaire de financement public. Une ferme expérimentale a-t-elle intérêt à développer un modèle non rentable économiquement pour un paysan lambda ?

  • Un système qui ne sera pas reproductible sur des fermes à échelle humaine alors que ce sont celles à développer car ce sont les plus résilientes aux crises. Si à cela on ajoute le fait que l'automatisation (et sa maintenance) coûtera plus cher qu'un salarié et qu'en cette période de crise en agriculture et en élevage en particulier, ce ne sont pas les fermes employeuses de main-d'œuvre qui sont le plus à la peine mais celles qui ont réalisé des investissements matériels coûteux, alors ce projet est vraiment inutile.

  • Un projet non innovant (il existe déjà de tels systèmes sur d'autres fermes expérimentales), excepté pour faire avancer l'idée qu'on pourrait élever des ruminants sans éleveurs.

  • Retrouvez notre argumentaire complet contre ce projet en cliquant ici

M. Girault, président de l'OIER des Bordes, et M. Rondier, vice-président, sont venus en réaction à la présence des paysans de la Confédération paysanne pour échanger avec eux et défendre leur projet. Néanmoins leurs arguments n'ont pas convaincu les éleveurs présents. Ils ont fait valoir un système automatisé qui serait nécessaire pour la réalisation des expérimentations, comme si les salariés présents sur la ferme ne pouvaient pas s'en charger, et la recherche de « références techniques » qui justifierait toutes les décisions prises. Ils reconnaissent que la ferme ne serait autonome avec cet atelier d'engraissement et que des échanges avec le territoire doivent être mis en place, sauf que pour l'instant les contacts n'ont pas été pris avec les paysans locaux. De plus ce système, aboutirait à une spécialisation des fermes avec d'un côté des éleveurs juste naisseurs et de l'autre des engraisseurs et enfin des céréaliers ; système vers lequel la nouvelle Politique agricole commune à malheureusement tendance à pousser également. Alors qu'il vaudrait mieux développer des fermes diversifiées et autonomes, faisans vivre des paysans et emplyant de la main d'œuvre, ce projet aboutirait à l'engraissement de 300 broutards sans paysan. Une ferme expérimentale devrait avoir pour but de donner des références techniques utiles et adaptées aux éleveurs et non de promouvoir une agriculture sans paysan !

 

Revue de presse

Article dans la Nouvelle République du 19/04: cliquez ici

Interview de France Bleu Berry - Nicolas Calame et Jean Paul Girault: (re)écoutez le journal de 8h du mardi 19 avril, pour accéder aux archives de France Bleu Berry cliquez ici

Articles dans l'Echo la Marseillaise du 19/04: cliquez ici


Crédits photos : CVF
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