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CLIMAT
14.01.2020

Intervention au CESER - intervention suite à l’avis sur la sécheresse

14.01.2020 -

CESER de la Région Centre Val de Loire

Intervention de Jean-Claude Moreau, représentant de la Confédération Paysanne au CESER (Conseil économique, social et environnemental régional) à la plénière du 16 décembre 2019
Les propositions du Conseil Régional en faveur de l'agriculture marquent une volonté saluée par notre rapporteure, ce que nous partageons. Cependant l'avis proposé remarque avec justesse que le rapport est faible en ce qui concerne une partie de son titre : l'adaptation au changement climatique et la transition agro-écologique. L'intervention vise donc à repérer un cadre à ces deux enjeux.
 
1/Pour nos fermes d'élevage avec un système dominant en herbe on s'est généralement accordé sur la recherche d'autonomie. Une autre qualité sera déterminante pour les années à venir : la résilience. Définie globalement comme la capacité d'un système à retrouver les structures et fonctions de son état avant perturbation, on ne peut réduire la résilience en agriculture à la seule expression de plus ou moins grande vulnérabilité à la nature. La vulnérabilité de l'accès aux aides à la trésorerie fait aussi prosaïquement partie d'un moyen de retrouver un équilibre. Il faut inscrire cela dans un cadre complexe mais articulé.
 
2/Ensuite, il faut quitter les schémas restrictifs. La productivité est une mesure qui se discute sur des enjeux qui ne sont plus simplement le rendement/ha de telle ou telle plante. La biodiversité d'une prairie est un atout, mais partie d'un ensemble « diversifié » où l'on devra y relier les débouchés, les relocalisations territoriales, les circuits commerciaux, la valeur environnementale. La globalité de l'exploitation est en jeu.
 
3/Maints agronomes font remarquer à juste titre qu'une prairie permanente (ou même temporaire sur une durée de moyen terme) joue le rôle de piège à carbone. De ce point de vue un élevage non intensif utilisant des prairies est un facteur positif et l'effet du chargement allégé ne nécessite pratiquement plus d'intrants. Ce point essentiel ne doit plus être occulté et une politique agricole digne de ce nom devrait pendre en compte ce service environnemental.
 
L'aide à l'achat de semences n'est que ponctuelle. Mais c'est en continu qu'il faut évoluer et éviter la rupture climatique. La supériorité en résilience des mélanges prairiaux est abondamment citée et malheureusement sous exploitée en terme de connaissance. Pourtant l'expérience agronomique de l'éleveur consiste à faire évoluer sa prairie par son exploitation fauche-pâture, solution vertueuse parce que non destructrice du couvert végétal. En conséquence, la « recherche-action » cela peut aussi être une recherche accolée à l'expérience des éleveurs pour en faire un modèle ascendant de formation plutôt qu'un modèle descendant. La ferme des Bordes peut elle y contribuer ? Oui, mais on est bien devant des choix à faire, y compris à la ferme des Bordes, et il s'agit de partages d'expériences.
 
Là où se construisent les changements de pratiques, sur le terrain, là se construisent les résiliences qui tempéreront les accidents climatiques et seront « transition agro-écologique ». La région peut y contribuer. Par ailleurs on peut saluer la volonté d'aider des investissements de manière moins élitiste : voilà qui créera moins de problème entre nous, agriculteurs, et qui sait peut-être moins de problèmes avec nos concitoyens.
 
Jean-Claude Moreau
NOUS CONTACTER Confédération paysanne de l'Indre
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