Apiculture : un exemple des conséquences du libéralisme sur le revenu des paysans
06.02.2024 - Le 06/02/2024
A Châteauroux
Lundi 5 février 2024, Sylvain Gourbault, co-porte-parole de la Confédération Paysanne de l'Indre et Pascal Bouche, apiculteur professionnel, ont rencontré la sénatrice Frédérique Gerbaud à sa permanence à Châteauroux pour évoquer les difficultés que rencontrent les apiculteurs pour écouler leur production.
Aujourd'hui, les 3000 apiculteurs professionnels français, qui produisent 80% du miel du pays, sont confrontés à une crise pour écouler leur production de miel. Pourtant, on consomme plus de miel en France qu'on n'en produit : en 2022 par exemple, nous produisions 30 000t de miel alors que la consommation atteignait 50 000t environ. Pourquoi les apiculteurs français ne parviennent-ils pas à vendre leur miel, qui reste stocké dans leurs hangars ?
La faute en revient aux importations massives de miel étranger, notamment chinois et ukrainien. En 2022, on importait 35 000t de miel étranger et la tendance est à la hausse. Ce miel étranger est importé à bas coût, 1€80 le kg, alors qu'un apiculteur français doit vendre son miel au grand minimum à 5€ le kg en moyenne pour couvrir ses charges de production et se rémunérer ! Les conditionneurs français, les grossistes importent massivement du miel étranger et maintiennent leurs marges et refusent d'acheter le miel des producteurs français.
Les apiculteurs professionnels sont confrontés à de gros manque de trésorerie, ne peuvent se rémunérer ou payer leurs charges. Le risque est de voir de nombreux apiculteurs professionnels se reporter sur la vente directe sur les marchés et faire concurrence à leurs collègues déjà installés sur ces circuits, ce qui aurait tendance à tirer les coûts vers le bas. De nombreux apiculteurs seront contraints à arrêter leur activité.
Cette filière est un exemple édifiant des impacts néfastes du libéralisme et de la concurrence internationale entre les paysans ! Aucune des annonces récentes du gouvernement ne répondent à ces problèmes de concurrence qui minent le revenu des agriculteurs ! Nous demandons :
- A court terme : une aide d'urgence à la trésorerie afin de soutenir les exploitations en difficulté (prêts à taux zéro, fonds d'urgence, reports de cotisations MSA**, reports de remboursement de crédits)
- A moyen terme : une pression politique pour écouler les stocks de miel français auprès des conditionneurs et des grossistes
- A long terme : une loi interdisant d'acheter des produits agricoles en dessous du prix de revient des agriculteurs
Mme Gerbaud, très à l'écoute et intéressée par notre alerte, s'est engagée à déposer une question écrite au gouvernement afin d'exiger une réponse de sa part et de lui demander de faire pression sur les centrales d'achat pour acheter le miel français. Elle s'est également engagée à communiquer autour d'elle sur cette problématique méconnue du grand public. Nous avions également rencontré le député Nicolas Forissier début janvier, qui a envoyé un courrier au ministre de l'Agriculture afin d'appuyer nos alertes. C'est également le cas de la sénatrice Nadine Bellurot.
Nous restons vigilants, mobilisés sur ce dossier et solidaires des apiculteurs français qui étaient hier mobilisés à Nantes et à Lyon.
Le Comité de la Confédération Paysanne de l'Indre
