COMMUNIQUE DE PRESSE
Projet d'extension d'une porcherie à Feusines : un exemple local de l'industrialisation de l'agriculture
15.06.2022Communiqué de presse
A Châteauroux le 15/06/2022
Après l'agrandissement de son unité de méthanisation, une ferme porcine projette d'étendre ses bâtiments pour augmenter son cheptel[1]. Cette exploitation sera alors l'un des plus grands élevages de porcs sur un seul site de l'Indre. Un collectif de citoyens locaux s'est constitué pour s'opposer à cette extension. La Confédération paysanne de l'Indre soutient leur combat pour dénoncer l'agriculture industrielle et ses dérives.
Ce n'est pas cette exploitation en particulier qui pose problème, elle n'est que l'arbre qui cache la forêt. Nous dénonçons ce type de modèle agricole industrialisé et productiviste qui développe la production d'énergie (ici la méthanisation) au détriment de denrées alimentaires aux conséquences économiques, politiques et environnementales néfastes, projet largement soutenu par la Chambre d'Agriculture de l'Indre, le syndicat dit majoritaire, le Crédit Agricole Centre Ouest et le groupement porcin Cirhyo.
Les conséquences d'un élevage industriel et productiviste
Au-delà d'un certain nombre d'animaux, il est quasiment impossible de les nourrir à partir des céréales produites sur la ferme ou alors au prix d'une concentration démesurée de foncier. Seule solution alors : acheter des aliments à l'extérieur, ce qui augmente les pollutions liées aux transports, la déforestation liée à la production de protéines importées, le paysan devenant alors plus dépendant des variations de prix des aliments, des céréales et de l'énergie. En parallèle, la surproduction de cochons entraîne une baisse des prix de la filière qui n'est inversée que par la disparition de certains producteurs, c'est une course à la concentration des élevages. Est-ce vraiment ce type de ferme que l'on veut ?
En plus des conséquences économiques, les conséquences environnementales se feront sentir. Sur la consommation d'eau d'abord : l'augmentation du cheptel implique une augmentation de la consommation d'eau pour l'abreuvement. Rappelons-nous, lors de la dernière sécheresse majeure de 2019, ce secteur avait eu des problèmes d'approvisionnement en eau potable pour les habitants. En outre, un projet de PNR Sud Berry étant à l'étude sur ce territoire, ce type de projet nous parait incompatible avec la préservation du bocage, notamment à l'heure où le changement climatique se fait sentir (orales, grêles, canicules, sécheresse).
Nous défendons un élevage paysan à taille humaine, rémunérateur et autonome, en lien avec son territoire, assurant son rôle de préservation du bocage et des prairies.
Les dérives du développement de la méthanisation
Les politiques publiques encouragent aujourd'hui le développement de la méthanisation :
- En fixant des objectifs de construction d'unités de méthanisation dans les territoires pour atteindre des objectifs de production d'énergie renouvelable (chiffres locaux / nationaux)
- En subventionnant le prix de rachat du gaz et la construction de certaines unités de méthanisation.
Mais dans ces projets, ce sont les paysans et paysannes qui s'endettent pour financer les investissements. Ils assument le risque de la politique énergétique du gouvernement ! Il serait plus urgent aujourd'hui de les rémunérer pour leur travail d'élevage.
Autre conséquence dramatique, ces fermes deviennent intransmissibles, car le montant des investissements se répercute sur le prix de reprise : aucun candidat paysan ne pourra racheter ce type de ferme, si tant est que ce modèle suscite des vocations…
Enfin, une fois les investissements engagés, l'unité doit tourner pour être rentable. Cela contraint l'exploitation à se maintenir dans un modèle figé et à produire du gaz coûte que coûte pour rembourser les dettes. Il est plus facile de réorienter des choix culturaux ou d'élevage que de s'affranchir d'un méthaniseur. La méthanisation devient alors synonyme de perte d'autonomie décisionnelle pour les paysan·ne·s.
La méthanisation doit rester une solution paysanne d'autonomie énergétique à l'échelle de la ferme. Elle ne doit servir qu'à gérer des déchets « réels » et pas utiliser des surfaces de cultures destinées à l'alimentation.
Contacts presse :
- Sylvain GOURBAULT, co-porte-parole : 02 54 01 17 66 ; 06 87 89 66 60
- Emilie DOUSSIN, animatrice syndicale : 06 41 05 79 74
[1]Passage de 340 truies présentes (450 emplacements) à 564 truies présentes (729 emplacements), de 1992 emplacements de porcs à l'engrais à 6456 emplacements, et de 1632 emplacements de porcelets à 2040 emplacements.
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